la cuisine

 Serge aura fait preuve d'une immense ténacité et... il a eu raison puisque cela a permis de redécouvrir cette pièce ; la ténacité et l'intuition, deux qualités indispensables à quiconque se lance dans la redécouverte d'une maison ancienne.

Partant de quelques observations et de très nombreuses interrogations, cheminant en formulant des hypothèses, parfois confirmées, souvent démenties puis réorientées... Serge a réussi à redonner une lecture de la cuisine de la maison. De la cuisine et aussi de la maison, notamment dans sa dimension originelle...

Il a fallu commencer par enlever quelque vieille cuisinière, puis par retirer un linoléum qui avait bien fait son temps. Il a ensuite fallu dévêtir les murs et s’acharner sur le ciment recouvrant l'évier. Enfin, il a fallu retirer, avec précaution l'enduit sur les murs...

Pendant ce temps, Hélène s'attaquait au plafond pour redonner à la cuisine sa poutraison... dont les visiteurs pensent, maintenant, que nous l'avons trouvée ainsi !

Le point de départ de cette redécouverte fut une pierre semblant avoir la forme d'un corbeau, puis une deuxième ressemblant étonnamment à un montant de cheminée. Continuant ses sondages, Serge fut intrigué par deux pierres identiques dans leur couleur ocre, de part et d'autre de ce qui semblait avoir été un âtre ; il comprit alors qu'il avait trouvé l'emplacement de la cheminée... puis... pierre après pierre, tout est apparu et les anciens éléments ont repris jour...

En tout premier lieu, la cheminée, parfaitement dessinée mais probablement remaniée lors de l’installation d'un poële. Existait alors un arc de décharge dont on peut lire les départs de chaque côté. Cet arc servait à séparer les deux conduits du rez-de-chaussée et de l'étage, soutenant l'âtre de la cheminée du 1er étage et permettant au conduit de passer derrière. Puis fut mis à jour un ancien placard près de la cheminée, très ancien. Si celui qui avait survécu au grand jour est bien taillé, celui retrouvé a plutôt l'aspect d'une niche assez rudimentaire. Puis, sous le burin, renaît le cendrier, caché derrière une porte de placard. Puis l'emplacement de l'ancien potager - retrouvé, par ailleurs, brisé en deux morceaux dans les décombres jetés dans la cour. Enfin, couverte de tant de ciment bleu - extrêmement difficile à retirer - la pierre à évier dont nous soupçonnions l'existence mais que nous ne retrouvions pas ! Encastrées dans le mur, des dalles qui ont servi à boucher l’âtre ; on peut donc supposer la présence de dalles dans la cuisine, sous l'actuelle chape de ciment.

La cuisine devait être une pièce plus grande et a, probablement, été retaillée ; on peut se demander si cela n'a pas été fait lors de la création du passage vers le grenier à sel communautaire. Le passage a pu être taillé dans l'emprise de la maison ; on voit qu'il a été, en quelque sorte, rajouté. Ceci expliquerait d'ailleurs pourquoi la porte du passage ne semble pas ajustée. Il conviendra de faire les recherches pour connaître la date d'usage du passage.

Autre élément à l'appui de cette hypothèse, le cendrier qui est positionné dans le seuil de l'actuelle porte, ce qui est, pour le moins, surprenant. La cheminée, elle-même, semble disproportionnée par rapport à l'actuelle pièce et l'on peut remarquer l'absence de raccord entre deux murs.

Derrière la cuisine, la souillarde ou arrière-cuisine. Là aussi, un arc intrigue : élément de cheminée ou de porte ? Une deuxième cheminée ? Trop de proximité avec la cheminée de la cuisine nous font écarter cette hypothèse... pour l'instant. Mais des poutres sciées et, surtout une grande fenêtre à croisées bouchée et située à l'arrière du bâtiment nous font supposer l’existence d'une pièce beaucoup plus importante... et une autre organisation spatiale à l'arrière de l'actuelle cuisine...

Les observations menées à partir de la redécouverte de la cuisine nous font penser que la maison a été créée sur une maison bien plus ancienne, avant le XVè siècle.



le placard toujours en usage lors de l'achat de la maison


le placard redécouvert ; on rangeait  souvent là les bougies et allumettes












le cendrier peut-être intégré dans un placard


détail d'une fixation de porte...






et trace d'un usage








à la recherche de l'ancienne pierre à évier...













... qui enfin apparaît, malheureusement fort endommagée par le ciment..



 le dessus du potager ; le potager servait à faire cuire les potages, à chauffer et réchauffer les aliments. Celui-là est très ancien car la taille de la pierre signifie un potager bien antérieur au XVIIIè siècle, il devait être au pied de la cheminée. Il a été retrouvé dans le jardin devant la maison. Il devait servir de seuil à la porte.


loin des cuisines intégrées du XXIè siècle, un nouveau potager pour la cuisine...


passage de la cuisine vers la salle ; on notera une belle accolade et des enduits anciens












continuité de la poutraison entre le passage et la cuisine



une parfaite continuité...

et le "raccord" qui laisse supposer une pièce plus grande à l'origine


voir aussi l'article On attaque la cuisine !