« Au milieu [des bâtiments] estoit une merveilleuse viz, de laquelle l’entrée estoit par les dehors du logis en un arceau large de six toises. Icelle estoit faite en telle symétrie et capacité, que six hommes d’armes, la lance sur la cuisse, pouvoient de front monter jusques au-dessus de tous le bastiment. »
François Rabelais, La vie inestimable du grand Gargantua, Description de l’escalier de l'abbaye de Thélème, 1534(?)
Certes l'escalier de la maison du 4, rue de l'Église à Chariez ne présente pas "une vis cent fois plus magnifique" que n'est celle de Chambord, pour reprendre la description de François Rabelais... Et nous n'attendons pas six hommes d'armes, lance sur la cuisse ! Néanmoins, l'escalier de la maison est très beau... Modeste, certes, mais fort bien conservé, dotant ainsi la maison d'un élément caractéristique de la maison médiévale...
Laissons-nous guider par Eugène Viollet-le-Duc qui, décrit si bien ce type d'escalier dans le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIè au XVIè siècle...
Et, tout d'abord, hommage aux architectes :
"Les architectes, devenus très-habiles traceurs-géomètres dès la fin du XIIIe siècle, trouvaient dans la composition des escaliers un sujet propre à développer leur savoir, à exciter leur imagination."
Puis un chapitre que l'on pourrait intituler "Des qualités de l'escalier à vis" :
"Les escaliers à vis, comme nous l’avons dit précédemment, furent employés par les Romains ; les architectes du moyen âge adoptèrent ce système de préférence à tout autre, variant les dimensions des escaliers à noyau en raison des services auxquels ils devaient satisfaire. Ces sortes d’escaliers présentaient plusieurs avantages qu’il est important de signaler : 1o ils pouvaient être englobés dans les constructions ou n’y tenir que par un faible segment ; 2o ils prenaient peu de place ; 3o ils permettaient d’ouvrir des portes sur tous les points de leur circonférence et à toutes hauteurs ; 4o ils s’éclairaient aisément ; 5o ils étaient d’une construction simple et facile à exécuter ; 6o ils devenaient doux ou rapides à volonté ; 7o pour les châteaux, les tours, ils étaient barricadés en un moment ; 8o ils montaient de fond jusqu’à des hauteurs considérables sans nuire à la solidité des constructions voisines ; 9o ils étaient facilement réparables."
Abordons maintenant la technique :
"Les plus anciens escaliers à vis du moyen âge se composent d’un
noyau en pierre de taille, d’une construction en tour ronde, d’un
berceau en spirale bâti en moellon, reposant sur le noyau et sur le
parement circulaire intérieur. Cette voûte porte des marches en
pierre dont les arêtes sont posées suivant les rayons d’un
cercle."
La fig. 9 donne le plan et la coupe d’un de ces escaliers. La porte extérieure est en A, la première marche en B. Les recouvrements sont indiqués par lignes ponctuées, et le détail C présente une des marches en perspective, avec le recouvrement ponctué de la marche suivante. Quelquefois, pour faciliter l’échappement, les marches sont chanfreinées par-dessous ainsi qu’on le voit en D. Les dimensions de ces escaliers varient ; il en est dont les emmarchements n’ont que 0,50 c. ; les plus grands n’ont pas plus de 2m,00, ce qui exigeait des pierres très-longues
Et, maintenant, montons les degrés de l'escalier de la maison rose de Chariez...
la belle vis... |
... ou spirale |
au rez-de-chaussée, démarrage en contrebas de la porte et... un étripe-chat ! qui date de plus de 300 ans ! |
un ajout utilitaire : le volet coulissant - il s'agit d'une petite fenêtre crée dans une plus grande bien plus ancienne |
une belle lumière sous toiture |
encore un étage |
et découvrir la rambarde conservée |
avant de profiter de la belle et douce lumière du grenier |
grenier dans lequel nous pourrons nous réfugier, un jour, pour lire...